Différence

Maïa s'accrocha au cou de Kamui et ferma les yeux fortement. Elle serra les poings pour s'empêcher de trembler. Elle avait eu peur, mais elle ne s'en rendait compte que maintenant. Elle se sentit un peu stupide, d'essayer de paraître forte alors qu'elle avait juste envie de pleurer. Mais les larmes refusèrent de couler, elle dut pousser ses mots hors de sa gorge pour réussir à parler.

- J'en sais rien, j'en sais rien..

Elle se laissait porter sans trop bouger, bien consciente qu'il avait probablement plus mal qu'elle. Mais elle savait que si elle essayait de tenir sur ses jambes, elle tomberait. Elle ne prononça par un mot de plus pendant le reste du trajet, le regard fixé dans le vide, la face de l'enfant toujours en mémoire.

Quand elle entendit la porte de la cabane grincer, elle se décida à poser un pied un terre sans prévenir. Elle se laissa tomber au sol sans essayer de se retenir, la plaie dans son dos se refermant lentement. Elle récupéra son calme et releva finalement les yeux pour voir le Fantassin assis sur le matelas du lit en bois.

Elle se redressa brusquement, s'épousseta et hésita à s'appuyer sur la table de chevet pour ne pas tomber. Mais elle se tourna vers Kamui d'un air confus.

- Qu'est-ce que.. ?

Kamui la regarda à peine, fixant le vieux Fantassin d'un air plus dur qu'au matin. Il souleva légèrement Maïa et la força presque à s'assoir sur le petit meuble de bois avant de s'adressait au Fantassin d'un ton sec.

- "Qui se cache dans les ruines de l'est six pieds en dessous de nous?"

- "Je ne le sais pas moi même"

Kamui fronça les sourcils, sachant très bien que le vieillard mentait. Qu'il s'agisse d'assassin, de fou ou de n'importe quoi d'autre il ne dirait rien. Ici c'était leur territoire et si un gamin avait décidé de tuer quelqu'un aucune conscience ne l'en empêcherait et empêcherait les autres d'agir contre ceci. Le Fantassin repris calmement en regardant Maïa et s'adressant au kitsune.

- "Vous n'avez qu'à allez voir par vous même si vous rêver de sang, elle avait des questions."

Kamui croisa les bras et s'appuya au mur.

- "Votre présence me dérange autant que je vous dérange mais je ne compte pas partir en la laissant seule ici. Je ne la lâcherais plus d'une semelle tant qu'elle sera ici."

- "Vous croyez pouvoir faire oublier ce que vous êtes en protégeant cette fille?"

Le kitsune avait l'air de retenir sa colère contre cet homme. Il avait surement envie de retourner aux ruines découvrir ce qu'il s'était passer. Voir si Serah dont l'odeur qu'il avait senti était bien présente. Il pensait que les Fantassin ne voudrait pas de mal à Maïa mais il s'était tromper.

- "Vous pouvez dire ce que vous voulez...vous êtes autant des démons que moi j'en suis un. Vous agissez de la même manière de toute façon."

Le Fantassin eut l'air également de se retenir mais fini par soupirer et ignorer le kitsune. Il répondit à la question de Maïa de la veille en donnant les même réponse que ce que Serah lui avait dit plutôt. Si Maïa voulait stopper la malédiction de Kamui elle devait en faire son disciple par un simple pacte de sang. Il deviendrait à la fois son épée et son bouclier et leur vie seraient lié d'une manière ou d'une autre. Kamui écouta tout ça d'une oreiller distraite, écoutant les bruit que les Fantassins faisaient en se rattroupant autour de la petite cabane. Il n'aimait vraiment pas ce lieux.

Maïa sentit doucement l'atmosphère se tendre. Elle jeta un regard autour d'elle et avisa la foule noire. Elle se recroquevilla un peu sur elle-même. Un pacte de sang ? Il n'y avait rien de plus simple.

Elle tira brusquement un couteau de sa poche, créant un recul de méfiance qui agita toute la foule. Elle montra le couteau au vieillard et le pointa vers sa main.

- Je dois me mutiler ? Si c'est tout ce que vous voulez je peux le faire sans problème.

Il la regarda un instant. Faute de patience, elle posa la lame sur la chair de son poignet et appuya avec force, s'ouvrant la peau. La plupart des Fantassins semblèrent confus, peut être un peu apeurés. Elle attrapa la main de Kamui et piqua sa paume. Elle vit une légère goutte de sang apparaître et se tourna vers le vieillard.

- C'est tout ce qu'il y a à faire ? Rien de plus ?

Il ne prononça pas un mot. Elle s'apprêta à coller son poignet à la main de Kamui quand elle vit une légère vapeur monter. Le Fantassin laissa la surprise apparaître sur son visage sans tenter de la cacher. La foule fut parcourue d'un murmure, la nouvelle s'étendant au son des chuchotements.

Sa plaie se referma et le sang sur sa peau brûlante ne laissa aucune trace, s'évanouissant dans l'air. Elle fut elle-même choquée, mais ne le montra que légèrement. Elle s'ouvrit une nouvelle fois mais la plaie cicatrisa avant qu'elle n'ait eu le temps de préparer la main de Kamui. Elle s'énerva, s'agita, puis planta le couteau dans son bras. Elle le retira brutalement et le jeta au sol, irritée. Elle vit le sang couler à flot, entendit le clapotis des gouttes sur le parquet et colla finalement son bras à la paume de Kamui.

Elle ne sentit rien. Pas même un pressentiment, pas une différence. Juste de la douleur dans le bras.

- C'est tout ?

Kamui regardait le Fantassin depuis le début, cherchant à voir et connaître ses réactions. Se demandant aussi si il ne se moquer pas d'eux avec ce soit disant pacte de sang. Le Fantassin se leva, leur tourna autour comme un vautour sous le regard méfiant du kitsune, il observer les plaies, le sang se mêler avec fascination. Il avait d'en apprendre plus que de savoir déjà ce qui allait arriver. Kamui perdit patience.

- "Alors!"

Le Fantassin leva la tête, sortie de ses pensées et regarda Maïa. Essayant de cacher sa surprise et sa curiosité.

- "Il faut le vouloir vraiment. Lui demander qu'il vous prête sa force et vous protège. Lui doit accepter. N'oublie pas qu'il devient ton disciple et tu n'a pas l'air prête à ça. Tu n'a pas l'air de vouloir être protéger et utiliser la vie des autres pour te battre et survivre. Tout le temps que tu n'acceptera pas ça, tu ne parviendra pas à terminer le pacte comme il faut. Et toi..."

Il pointa Kamui du doigt et continua.

- "Tu doit y mettre du tient aussi. Tu semble prêt à la protéger mais tu doit être prêt à faire confiance à quelqu'un d'autre qu'à toi même. Tu doit lui accorder assez ta confiance pour pouvoir lui confier ta vie. Ces blessures deviendrons les tiennes et il en est de même pour elle. Si le pacte fonctionne, vous devriez cicatriser de votre auto mutilation tout seul"

Kamui le regarda sans avoir vraiment l'air confiant. Il n'était pas prêt à donner sa confiance à quelqu'un mais...pour Maïa c'était peut être un peu différent. Et ça lui donnait à réfléchir. Il soupira et ramassa le poignard qu'elle avait jeter plus tôt. Le kitsune se blessa au bras, exactement au même endroit que la jeune femme.

- "Je te fait confiance Maïa."

Maïa sembla hésitante. Elle trouva le rôle de prêtresse trop semblable à celui de quelqu'un piétinant ses amis pour monter au sommet. Elle resta sans voix, le regard fixé sur la plaie de Kamui, ses paroles résonnant dans sa tête comme un gong. Oh oui, elle n'était pas prête. Elle était d'ailleurs loin d'être prête.

- Je ne veux pas être ce genre de personne.

Elle releva le regard et tourna la tête pour aviser la foule. Ils retenaient tous leur souffle, comme devant un film de suspens. Elle n'avait pas envie de devenir une prêtresse inutile, manipulatrice et dépendante de la force d'une personne qui dépassait probablement largement la sienne. Une personne normale aurait certainement accepté, mais elle avait déjà prouvé par bien des aspects qu'elle n'en était pas une.

Le vieillard eut un léger sourire, comme s'il était convaincu qu'elle allait refuser, comme si ça lui semblait évident. Il pensait la connaître, il se trompait.

Elle tendit son bras encore brûlant et douloureux vers Kamui. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle faisait mais ça allait peut-être marcher. Si ça fonctionnait, tant mieux. Sinon, elle retournerait lâchement à TerraNova pour ne pas avoir à regarder son ami mourir.

De sa main libre, elle attrapa le bras tendu de Kamui pour le retenir avant que leur sang ne se touchent. Elle trembla, jeta un regard aux alentours et se rendit compte qu'ils avaient l'air plutôt stupides à attendre comme des idiots, le bras en l'air. Elle se ressaisit et eut un léger sourire.

- Dis-toi que je ne serais certainement jamais une prêtresse normale. Je n'ai pas vraiment pour habitude de suivre les règles. Garde ta vie, je n'en veux pas. J'ai juste besoin d'un peu de confiance. Je ne te demande rien de plus, sûrement pas de te sacrifier pour moi.

Elle colla alors leur bras sans s'attendre à ce que ça marche. Quelques secondes s'écoulèrent qui lui semblèrent prendre des années. Peut-être n'était-elle vraiment pas faite pour être une prêtresse, après tout.

Kamui fut assez surpris de la réaction de Maïa même si il s'y était attendu. Depuis qu'il la connaissait elle refusait de ce laisser protéger au péril de la vie d'un autre. Même si il pensait qu'elle lui permettait de mourir d'une façon ou d'une autre en refusant d'en faire son disciple et donc en l'empêchant de remplir sa mission, il ne pouvait que accepter son choix. Il lui sourit légèrement en hochant la tête. Il retira son bras sans que rien ne se soit passer. Seulement...une douleur déchirante le surpris. Son bras lui brûler jusqu'à la poitrine et le força à mettre un genou a terre. Maïa l'avait repousser et maintenant le dernier de ses bracelets se brisaient. Alors sa y est il allait mourir? Ou devenir un monstre...il lança avec precaution le petit poignard à Maïa la suppliant du regard de le tuer si il dégénérer.

La douleur se stoppa lorsque le bracelet se brisa dans un bruit de métal sous l'oeil curieux des Fantassins. Kamui cru perdre connaissance jusqu'à ce qu'il n'entende ce bruit de libération. Il rouvrit les yeux qu'il avait fermer de douleur et regarda son poignet. Plus de barcelet...et il était vivant...pourtant le pacte n'avait pas eut lieux. Il regarda Maïa avec de grand yeux se sentant regagner en énergie. Il lui semblait même que sa queue avait repousser.

-" J'ai accomplis ma mission?..."

Il la regarda a nouveau avant d'avoir comme une révélation alors qu'il se remettait a peine de la douleur.

-"Meme si elle m'a repousser..j'ai trouver la prêtresse. ..Maïa tu est vraiment une prêtresse. Toi comme moi venons juste de l'accepter...c'était tous ce qu'il fallait..."

Maïa lâcha le couteau qui tomba au sol dans un cliquetis strident. Tremblante, ses genoux flanchaient et elle se crut incapable de tenir debout plus longtemps. Elle tomba avec douceur pour s'asseoir au sol et reprit brusquement son souffle qui s'était arrêté. Elle avait crut qu'il allait mourir. Et le fait qu'il lui ait lancé le poignard l'avait totalement tétanisée. Alors quoi, elle aurait dû le tuer s'il n'avait pas gardé conscience ? Il semblait la surestimer. L'empêcher de devenir un monstre c'était une chose, le tuer, c'en était une autre.

Un violent bruit de verre qui se brise la réveilla de ses songes. Par réflexe, elle protégea sa tête, se recroquevillant sur son corps. La foule qui s'était réunie autour de la cabane se dispersa et les Fantassins poussèrent des cris d'alarmes, hurlant qu'ils étaient attaqués. Maïa se redressa, ressentant une vive chaleur derrière elle. Une violente bourrasque de vent attisa le feu dans son dos, balayant la fumée jusqu'à elle. Elle remonta son t-shirt sur son nez et releva les yeux pour observer ce qui se déroulait devant ces yeux. La cabane prenait feu, enflammait la végétation qui avait poussé sur les Vestiges, les flammes ardentes s'emparaient de la cité à une vitesse affolante. Elle se releva en toussant et attrapa Kamui pour sortir de la cabane.

Alors, elle se rendit compte qu'elle avait oublié le vieillard. La cabane tombait en ruines, les poutres enflammées s'écrasaient. Elle hésita d'abord à rentrer, mais elle ne put se résoudre à le laisser mourir à l'intérieur. Alors, elle rentra de nouveau dans la cabane enflammée et chercha dans le petit espace la trace de l'ancêtre. Et, lorsqu'elle constata qu'il n'était nulle part, elle comprit qu'il était probablement sorti avant eux. Une partie de la charpente s'écroula, bloquant la sortie. Elle resta dans ce four gigantesque et crut qu'elle allait y laisser la vie. C'est seulement quand, plusieurs minutes plus tard, la sécheresse du désert éteignit peu à peu les flammes qu'elle comprit qu'elle était toujours vivante.

Elle resta un moment sous les débris, les vêtements troués par le feu qui en avait consumé plusieurs morceaux. Elle était couverte de cendre et de tâches, ses cheveux étaient devenus noir de jais à cause de la fumée. Sa jambe était coincée sous une poutre mais elle ne ressentait aucune douleur, comme si elle avait été anesthésiée. Et alors, elle constata avec stupeur qu'elle n'était pas brûlée. Aucune, absolument aucune parcelle de peau n'avait été endommagée par les flammes.

Elle s'extirpa des débris en se demandant si elle n'était pas déjà morte, finalement. Mais elle posa un pied nu sur le sable et la sensation du sol lui rappela bien qu'elle était vivante. Elle sortit des cendres, les cheveux noircis et le teint toujours aussi pâle. Elle vit dans les yeux des Fantassins encore présent une lueur de terreur. Peut-être la soupçonnaient-ils d'être l'auteur de cette attaque. Peut-être se rendaient-ils compte qu'elle était un monstre.

Elle tourna ses yeux vers Kamui et ne put lire ce qu'il pensait sur son visage. Elle eut peur de son jugement, elle-même ne comprenant pas totalement ce qui se passait. Elle avait peur, c'était tout ce qu'elle savait. Tout changeait trop rapidement, des tas de choses lui arrivaient, elle n'arrivait pas à accepter tant de bouleversements. D'abord, ses blessures se soignaient d'elles-mêmes et maintenant, elle ne craignait plus les flammes ? C'était devenu ridicule et très effrayant. Elle n'avait aucune idée d'où venait l'attaque et pourtant, les regards sur elle semblaient penser le contraire.

Ses flammes soudaines avaient forcées à ramener Kamui à la réalité à se remettre de la disparition du bracelet. Ils s'étaient tous jeter dehors, là où l'air serait plus respirable et les pièges mortel moins fréquent. Mais cette idiote de Maïa avait courus pour y retourner et s'était jeter dans la gueule du loup. Le kitsune avait essayer pendant quelques secondes d'aller la rechercher, en se protégeant de sa glace qui avait bien du mal à tenir face au feu. Mais quelque chose en lui, le fit se rendre compte que Maïa n'était pas en danger. Son instinct animal l'aider à voir "à travers" les flammes. Maïa ne souffrait pas du feu...

En revanche pour les gens de la Cité c'était autre chose. Si il avait réussis à glacer une falaise entière et à en faire un glacier il pourrait bien parvenir à éteindre ce feu. Si seulement il en connaissait la source. Maïa ne craignant rien, il aida comme il put et - sans montrer qu'il chercher vraiment à ce qu'il est le moins de mort possible- sauva une dizaine de personne de leur lieux de vie en flamme.

~

Lorsque tout avait cessait il était revenu, comme la plupart des Fantassins, devant ce qui rester de la petite cabane où se trouvait Maïa. Lorsqu'il la vit se relever, le regarder confuse, il ne sût pas lui même quoi penser. Les flammes ne lui faisait rien? Ses blessures cicatrisé bien plus vite que le jour où il l'avait connu et il fallait l'avouer, elle était extrêmement chanceuse. Elle avait d'abord survécu au crash du train et maintenant à un incendie. Mais survivre à des flammes....il n'arrivait pas à comprendre et chasser cette pensée de son visage. Persuadé que cette attaque devait venir de la même personne que celle qui avait causer le crash du train. Quelqu'un chercher t'il à connaître ses limites et à la découvrir autant qu'elle se découvrait elle même?

Le kitsune regarda autour de lui. Le regard que les Fantassins lancer à Maïa il le connaissait bien. Celui de la peur. La plupart devait la prendre pour un monstre. Il avait eut tant de fois à accepter ce regard qu'il le connaissait par cœur et Maïa devait s'en sentir déstabiliser. Kamui fit un pas devant lui et s'arrêta devant Maïa, lui secouant ses cheveux court pour lui retirer cette poussière noire déplaisante.

- "Retourne te jeter dans la gueule du loup comme tu viens de le faire et je t'y laisserais."

En y réfléchissant c'était un peu se qu'il venait de faire...il baissa légèrement la tête pour la regarder et chuchota.

- "ça va? Tu n'a pas l'air brûler..."

Maïa le regarda complétement perdu. Elle n'avait pas l'air de savoir comment elle avait fait. Il soupira à nouveau et repris en chuchotant.

- "Et maintenant? On s'en va? Ce qui viens de se passer n'a rien de normal."

Maïa acquiesça, encore sous le choc. Les yeux baissés vers le sable, elle n'osait relever le regard et croiser celui des Fantassins. Elle se sentait comme un criminel, ils portaient sur elle un jugement qu'on aurait donné à une personne coupable, alors que tout ce qu'elle avait fait, c'était se cacher des flammes.

Elle commença à partir, sur les talons de Kamui. Elle s'arrêta brusquement quand une main ferme attrapa son poignet. Avec une poigne forte, on lui attrapa le menton et elle se retrouva face à face avec le Fantassin aux yeux couleur acier. Elle cessa de respirer, penchée en arrière, le regard planté dans le sien sans qu'elle ne puisse s'en détacher. Elle se sentait comme bloquée. Même son propre corps ne voulait plus être son allié.

Il scruta ses iris longuement, l'air froid et suspicieux, la dominant de sa hauteur bien supérieure à la sienne. Il la força à relever la tête quand elle parvint finalement à se défiler et serra plus fort sa prise sur son poignet.

Aucun mot ne put sortir de sa gorge. Le silence resta pesant encore quelques secondes interminables. Il se tourna finalement vers le vieillard un peu plus loin dans la foule, qui semblait être comme une sorte de chef de clan.

- Je suis sûr que ses yeux étaient bleus.

Elle ne comprit pas d'abord où il voulait en venir. Elle se tourna vers Kamui sans comprendre davantage. Un murmure parcourut la foule qui commença à s'agiter. Quand elle balaya la foule du regard et qu'elle vit à quel point ils fixaient ses yeux avec insistance, elle assimila doucement ce qui venait de se passer.

Elle plaqua ses mains sur son visage. Il y avait apparemment un problème avec ses yeux. Malgré l'aide de Kamui, ses cheveux restaient en grande partie noirs et elle savait que ses cheveux avaient changé d'une certaine façon. Comment ? Elle n'en avait aucune idée. C'était la première fois que ça lui arrivait.

On lui tendit une sorte de miroir qu'elle prit en tremblant. Elle se regarda à peine quelques secondes et le lâcha brusquement, effrayée par ce qu'elle même venait de voir. Ses yeux avaient changé de couleur. Elle ne savait pas comment, mais ils étaient devenus d'une couleur semblable à celle des flammes, et ses cheveux étaient aussi noirs que la cendre. Peu importe à quel point elle essayait de se débarrasser de la suie qui s'y était déposée, ils restaient sombres et elle fut bientôt si bouleversée qu'elle crut qu'elle allait pleurer. Elle eut envie de partir, elle pensait qu'elle n'aurait jamais dû venir. Elle se précipita jusqu'à Kamui et le tira par le bras pour qu'ils s'éloignent. Elle sentit le regard des Fantassins dans son dos, et quand elle se retourna, le vieillard la fixait toujours. Elle accéléra le pas, lâchant Kamui, s'empara de son cheval et quitta les Vestiges. Il fallait qu'elle se lave. Ses cheveux.. il fallait qu'ils retrouvent leur couleur originelle. Et ses yeux également.

En quittant les Vestiges Kamui ressentit à la fois un soulagement et un étonnement inquiet. Ils n'étaient pas suivis pour le moment mais ils allaient devoir se méfier. Il regardait derrière lui par dessus son épaule, le oreilles dresser et de toute évidence à la recherche du moindre bruit ou mouvement suspect. Maïa marcher en tenant le cheval devant lui et était bien loin devant. Sauf qu'elle ne fuyait pas les Vestiges, elle se fuyait elle même. Kamui soupira, agrandissant ses pas pour la rattraper. Pour lui, le crash du train et maintenant cet incendie n'était rien d'autre que l'œuvre d'une personne qui voulait découvrir les capacités de Maïa, lui faire découvrir ou "l'entrainer". Ce qu'il se demandait surtout était si Amarok qui manipuler le vent et non le feu était lié à nouveau?

La cendre était encore présente mais ça n'expliquer pas le changement de couleur de ses yeux et de ses cheveux. Il n'était pas certain qu'un changement physique était un changement important mais c'était ce qui avait l'air d'effrayer le plus la jeune femme.

- "Maïa, ralenti."

Elle ne l'écoutait pas. Certainement encore affolé de ce changement d'apparence. Le kitsune l'attrapa par le poignet d'une main et la sangle du cheval de l'autre, la forçant enfin à s'arrêter.

- "Pourquoi tu fuis comme ça?"

Maïa semblait vouloir lui dire qu'elle ne fuyait pas mais ce n'était qu'un mensonge et le kitsune lui répondit en connaissance de cause. D'événement déjà vécu...

- "Te fuir toi même ne changera pas ce que tu est. Si tu a besoin d'exploser vas y. Profite d'être dans le désert loin de la civilisation pour le faire ou tu finira par t'isoler sans cesse pour éviter de craquer en pleine foule. Déchaine toi maintenant...on trouvera un endroit où tu pourra te nettoyer et ensuite on avisera."

Maïa força Kamui à la lâcher en tirant sur son bras. Elle se dégagea brusquement, lui enleva la main de la sangle et continua son chemin.

- Je vais bien.

Et elle ne daigna rien dire de plus. Elle serra dans sa main droite les rênes du cheval qui la suivait sans rechigner et enfonça un à un ses pieds nus dans le sable pour se diriger vers une destination inconnue. Où était-elle censée aller ? Et si, par miracle, elle trouvait cet endroit, que devait-elle y faire ?

Elle s'arrêta et tourna légèrement la tête pour aviser la fumée qui s'échappait des Vestiges. Cet incendie était probablement de sa faute et elle était partie sans même avoir aidé les survivants. Elle ferma les yeux et reprit sa route le plus calmement possible. Plus elle avançait, plus ses jambes refusaient de la porter. Ses genoux flanchèrent finalement et elle s'écroula sous le regard confus de son cheval qui ne bougea cependant pas. Elle resta agenouillée sur le sable, le regard perdu, et elle sentit à peine une larme s'échapper de son œil qu'elle se pencha sur ses genoux pour se cacher.

Elle pleura silencieusement, sans bruit. Elle n'allait pas bien. Elle avait atrocement peur, mais l'avouer la blessait. Puisqu'elle, elle savait qui lui causait cette peur. Elle le savait pertinemment, elle ne cessait de se le répéter dans ses pensées. Elle se le disait, encore et encore, jusqu'à ce que son cerveau l'assimile. « Amarok a essayé de te tuer une nouvelle fois ». Elle n'arrivait pourtant toujours pas à comprendre, elle n'avait aucune idée de ce qui l'avait fait changer soudainement. Et le pire de tout ça, c'était qu'elle avait peur qu'il ait été un traitre depuis le début. Et si son « aide » n'avait pas au contraire aggravé son cas ? Et si, quand il lui avait dit qu'il allait l'aider à contrôler ses pouvoirs, il avait menti ? Et s'il avait tout prévu depuis le début ? L'arrivée à la Cité des Ruines, le fait que Serah les poursuive, le poisson mortel, le cobra géant ?

Elle en resta bouche-bée. Elle sentit une rage froide monter doucement en elle, qui sécha tout de suite ses larmes. Tout ce qu'il avait fait pour elle jusqu'au jour où il avait disparu était pour préparer ceci. Son regard brûlant se posa sur l'horizon. Ses iris s'enflammèrent sous la lumière du Soleil. Elle allait lui faire payer.

Non Maïa n'allait pas bien, la voir accroupis la tête dans les genoux en était la preuve. Mais si l'avouer la déranger Kamui ne savait pas vraiment quoi faire. Il n'était pas doué pour consoler quelqu'un et encore moins lorsque cette personne ne voulait pas l'être. Mais d'un autre côté, la voir ainsi le déranger lui aussi. Il resta immobile à réfléchir à ce qu'il devait faire sans vraiment trouver de réponse. Quand ce genre de chose lui était arriver il avait été seul, difficile donc de savoir ce qu'il fallait faire pour les autres dans ces cas là. D'ailleurs il n'avait pas à s'inquiéter pour les autres il ne l'avait jamais fait avant.

Il était néanmoins sur ses gardes. Si les Fantassins ne les avaient pas suivit Amarok qu'il suspecter encore ne devait pas être loin. Comme la première fois. Et il n'était pas à sa prés de l'envoyer ailleurs comme la première fois. Même si il l'aurait dur. Il lui était presque possible de sentir la présence de la personne qui avait mit le feu. Les poings serrer il hésitait entre éloigner Maïa ou attendre qu'il se montre pour lui faire la fête. Il s'approcha de Maïa, lui posa une main sur l'épaule et la secoua légèrement d'un ton incroyablement doux pour une personne comme lui.

- "Allez relève toi. Tu n'a pas le choix de toute façon non? Tu n'est pas le genre de personne à fuir toi...et si jamais tu devait venir à te battre n'oublis que je t'ai donner ma confiance et que tu n'est pas toute seule."

Maïa brûlait désormais d'une colère sans limites. Son visage avait pris une étrange expression et son corps avait cessé tout tremblement, toute larme, tout signe de faiblesse quelconque. Ses yeux brillaient d'un éclat plus vif, plus dangereux. Ses cheveux noir de jais nonchalamment lâchés sur son épaule, elle se releva et se promit qu'elle ne se mettrais plus jamais à genoux pour quelqu'un comme lui. Elle se jura qu'elle ne verserait plus une seule larme, ne ressentirait pas une once de tristesse. Elle sentit au fond d'elle une chose se briser, se remplacer par une autre bien différente.

Elle se releva complètement, empoignant de nouveau les rênes du cheval. Elle fit quelques pas dans le sable, toujours pieds nus, mais ne ressentit aucunement la chaleur du sol alors qu'elle était certaine qu'il était bouillant. Le Soleil n'avait d'ailleurs plus d'effet sur elle, pas même une goutte de transpiration n'osa perler dans son cou. Elle serra fortement le cuir dans sa main, s'enfonçant ses ongles dans sa paume jusqu'à se faire saigner.

Quand elle entendit -étrangement- la première goutte de sang tomber sur le sable, elle se sentit un peu soulagée et reprit sa route, se rappelant la présence de Kamui dans son dos.

La ville n'était maintenant plus très loin. Les bâtiments se dessinaient déjà dans le flou de la chaleur étouffante, les silhouettes des marchands et des clients devenant plus nettes au fur et à mesure qu'ils s'approchaient. Maïa laissa son cheval à l'écurie et se plongea dans la foule pour atteindre un stand. Elle ressortit du courant humain avec une petite bourse de cuir en main. Elle devenait de plus en plus habile.

Elle donna un peu d'argent au marchand et acheta de la nourriture. Elle lança sa part à Kamui et croqua dans son morceau de pain. Elle mastiqua longuement, puis avala, s'étouffant presque. Elle tourna le dos et entreprit de quitter la ville. Elle récupéra son cheval, paya le propriétaire et chercha un peu d'humidité dans l'air. Alors, elle constata qu'elle avait perdu ce genre de capacité. Elle sembla un instant confuse, ferma les yeux pour se concentrer davantage, mais rien. Elle n'était tout bonnement plus capable de se localiser à l'aide de l'atmosphère.

Elle s'irrita légèrement, ça bouleversait ses projets. Elle essaya de se rappeler brièvement la position de l'oasis et mit un pied devant l'autre sans attendre. Elle n'y croyait pas. Amarok venait de briser le lien fragile qu'elle avait gardé avec lui. Elle était désormais incapable de s'aider un peu du vent, de ce genre de chose. Elle eut une folle envie de rire mais se retint de justesse. Il voulait la faire paniquer, elle en était certaine.

- Mon sac a brûlé pendant l'incendie, on va devoir faire sans eau jusqu'à l'oasis.

Elle ne donna pas une explication de plus sans même se retourner. Elle mordit une nouvelle fois dans son pain, histoire de trouver une excuse valable pour ne pas prononcer un mot autre que « je n'ai pas envie de parler ».

Kamui eut un discret soupir désespérer lorsqu'elle lui annonça qu'ils n'auraient aucune goutte d'eau à se mettre en bouche dans cette fournaise. De tout les déserts vraiment, il n'y avait que celui de glace qui lui plaisait. D'ailleurs, maintenant qu'il était débarrasser de ses bracelets il pourrait très bien y retourner. Encore une fois il restait pour quoi? Pour Maïa? Ceci ne l'étonnait plus autant qu'au début mais le mettait encore mal à l'aise. Il se disait encore qu'elle devrait encore essayer de retourner chez elle, sa place n'était pas ici après tout. Quoi que, maintenant il en douter beaucoup. Maïa commencer à devenir presque aussi froide que lui. Déjà qu'il trouver qu'ils avaient beaucoup de point commun auparavant, là elle commencer presque à avoir le même caractère que lui. Il était sur le point de faire tomber le haut de son kimono pour se rafraichir lorsqu'il senti quelqu'un arriver derrière lui. Il élança son point vers cette personne aussi vite qu'il s'était retourner. C'était de nouveau Rina, qui avait rattraper le poing dans sa paume de main avec un sourire amuser. Elle se trouvait devant une étrange porte de brume et de lumière que le kitsune connaissait en tant que téléporteur. Kamui se détendit, restant tout de même sur ses gardes.

- "Encore toi."

- "Wahou, c'est fou comme tu a l'air heureux de me voir..."

- "Qu'est ce que tu veux ENCORE."

Rina prit un air plus sérieux, regarda par dessus l'épaule du kitsune Maïa et croisa à nouveau les yeux glacial de Kamui qui de toute évidence, la connaissait assez pour savoir si elle lui mentait. Bien que ce ne soit pas suffisant pour qu'il lui fasse confiance...

- "Si elle elle ne veux pas venir je m'en fiche, là c'est de toi qu'on va avoir besoin."

Kamui arqua un sourcil et secoua la tête, il était du genre solitaire, pas le genre à se balader pour proposer son aide à tout le monde. Rina lui posa une main sur l'épaule au moment ou il se tourner pour faire demi tour et lui chuchota doucement, lui faisant subitement dresser les oreilles.

- "Ton pouvoir est le seul à pouvoir rivaliser avec lui."

- "Le jumeau?..."

Rina secoua la tête de droite à gauche, ne faisant qu'augment un peu plus cet air horrifier et quelque peu haineux qui était apparu sur le visage du kitsune. Il hocha la tête vers Rina. De toute évidence ce qu'il avait compris avait suffit à lui faire accepter de la suivre. Il se dirigea vers Maïa qui rester à l'écart de tout ceci. Il ne savait pas vraiment comment s'adresser à la nouvelle personne qu'elle était mais lui ne changerais pas sa façon d'être.

- "Je vais allez voir ce qu'il se passe là bas rapidement. Je ne te demande pas de venir avec mais..."

Il se tût. Bon sang...en fait si, il avait envie de lui demander. Aucune envie de la laisser seule dans un désert en sachant que Amarok lui en voulait. Mais lui demander de le suivre, c'était un peu trop lui demander. Ce fut Rina qui s'approcha de Maïa et lui demanda.

- "Tu devrait venir avec. T'a aucune raison de me faire confiance mais rester ici ne t'arrangera pas les choses non plus."

Maïa fixa longuement Rina sans bouger, les sourcils froncés. Elle croisa les bras sur son ventre et avisa d'un œil méfiant l'espèce de portail derrière elle. Ses yeux brillèrent d'une lueur presque sauvage. Elle n'avait aucunement confiance. Elle ne savait pas où ce truc allait les mener, ni comment, ni pourquoi.

Kamui avait l'air de vouloir y aller. Mais elle ne savait plus exactement à qui faire confiance. Elle toisa son ami un moment, réticente à l'idée même de s'approcher un peu trop des autres personnes, préoccupée à l'idée de se prendre un coup de poignard dans le dos. L'incendie lui avait totalement changé la vue sur le monde.

Elle déglutit. Elle revoyait les flammes danser devant ses yeux, sa main dans le feu dévastateur, se souvenant du moment où elle avait découvert sa résistance incroyable. Elle n'en croyait toujours pas ses propres souvenirs et pourtant. Elle avait vu la chaleur, l'avait sentie sur sa peau, puis plus rien. Elle avait été comme caressée par une douceur réconfortante, au milieu de cette cabane qui tombait en morceaux. Le plafond s'était presque écroulé sur elle, mais elle s'était sentie en sécurité. Pourquoi était-ce donc ce qui l'inquiétait le plus ?

- Bien.

Elle accepta sans tenter de commencer une quelconque dispute ou argumentation inutile. Dans le pire des cas, elle avait maintenant de quoi se défendre. L'intérieur de sa main la chatouilla d'un picotement brûlant, et une vague de chaleur apportant en elle une confiance insoupçonnée.

Kamui voyait bien que le changement chez Maïa n'était pas que physique. Elle était maintenant devenu méfiante et à première vu même avec lui. D'un côté ça n'était peut être pas plus mal. Il lui fit un rapide signe de tête pour lui dire de suivre et s'adressa spécialement à Rina de façon à ce qu'elle seule l'entende.

- "Je viens, mais je te préviens si le type amateur d'esclave ma parait louche je ne cherche pas à comprendre."

Rina hocha la tête avec désintérêt. Kamui passa l'étrange porte, vérifiant discrètement que Maïa la passer elle aussi. Ils arrivèrent sur une terre où justement les flammes étaient encore présente. Le ciel c'était teinter de fumer noire et là où le feu était passer plus rien que des cendres ne s'y trouver. Le danger semblait passer et pourtant une lourde pression s'abattait sur cette ville. Des gens à l'agonie ce sortait des débris, d'autre pleurer leur mort pendant que d'autre encore ce surprenait à être encore vivant. Kamui observer toute cette désolation que Rina contempler elle aussi.

- "Tu ne peut pas rester indifférent à ça Kamui."

Le kitsune soupira intérieurement. Elle avait raison, mais c'était bien parce que les habitants d'ici ne savait pas qui il était qu'ils lui avaient permis d'entrer. Et il n'avait pas pour habitude d'apporter son aide. Sauf lorsqu'il ce sentait concerner.

- "On va déjà aider les survivants comme on peut."

Maïa avait passé le portail en fermant les yeux, un peu effrayée à l'idée de ce qu'elle allait trouver de l'autre côté. Alors, quand elle sentit la chaleur l'envahir et ses pieds nus effleurer la cendre au sol, elle éprouva d'abord un sentiment de confort qui la poussa à dévoiler ses iris enflammés.

Elle eut un mouvement de recul, accablée, épouvantée. Elle plaqua brusquement ses mains sur son visage pour se cacher de la vision d'horreur qui s'offrait à elle. Elle s'était sentie bien dans un endroit comme celui-ci. Elle déglutit et manqua de rendre le peu de pain qu'elle avait ingurgité à cause de la peur.

Le paysage dévasté se refléta dans ses yeux, bouleversé par une lueur tremblante dans son regard. Elle n'aurait pas dû venir. Elle en avait eu le pressentiment mais n'avait pas trouvé d'excuse valable pour rester. Elle avait abandonné son cheval de l'autre côté du portail, n'ayant aucune idée d'où il allait se rendre et de comment elle allait le retrouver. Elle tenta de faire demi-tour pour retourner de l'autre côté mais s'arrêta quand une plainte parvint jusqu'à ses oreilles.

Elle se pétrifia et pivota seulement la tête pour regarder dans la direction du cri. Un gamin de treize ans tout au plus était coincé sous les décombres. La taille enserrée par deux débris d'une taille impressionnante, les jambes probablement coincées dessous, il hurlait et pleurait à s'en déchirer les cordes vocales, demandant un peu d'aide, un peu de réconfort, priant peut-être Dieu de le faire sortir des Enfers ou de le réveiller de son cauchemar.

- Mon dieu..

Elle se précipita vers lui quand elle reprit difficilement ses esprits. Elle s'accroupit à ses côtés et de ses deux mains, elle enserra la sienne pour tenter de le rassurer. Il la regarda faire, lui demanda de l'aider, mais elle sut au fond d'elle que, même si elle parvenait par miracle à le tirer de sous les roches, il mourrait avant d'avoir pu être soigné. Elle regretta alors de s'être élancée vers lui et voulut presque faire demi tour, mais ne put se résoudre à le laisser seul.

Elle serra sa main jusqu'à ce que la lueur de ses yeux ne s'affaiblisse. Elle vit son âme s'éteindre doucement dans son regard, de grosses vagues emporter la faible espérance de vie du gamin qui avait cessé de pleurer. Elle sentit les doigts agrippés aux siens perdre leur force et la tête de l'enfant commencer à tomber. Elle la retint avec douceur, la posa délicatement sur son bras et tourna son regard vers l'apocalypse qui se déroulait plus loin.

L'intérieur de sa main la brûla furieusement et elle regarda sa paume d'un air un peu confus. Elle vit un petit point rouge qui commença à s'agrandir de plus en plus, lui arrachant des petits gémissements de douleur. Elle serra sa main entre ses jambes en se repliant sur elle-même, un picotement faisant trembler ses doigts.

Dos à Kamui et à Rina, elle tira sa main de ses cuisses quand la douleur s'arrêta. Elle observa la petite flamme qui s'agitait dans sa paume et crut qu'elle hallucinait. Il y avait du feu au creux de sa main. Elle se sentit trembler, hésita à paniquer mais se retint en se rappelant les deux personnes dans son dos. Le feu de la cabane, elle comprit enfin de qui il venait. S'il découvrait ça, qu'est-ce que Kamui en penserait ? Elle ne pouvait pas absolument pas le laisser savoir. Personne, personne ne devait être au courant.

Elle ferma ses doigts sur sa paume pour éteindre la flamme dorée. Elle déchira un bout de manche de sa chemise noire et l'enroula autour de sa main pour y cacher la marque rouge sang, semblable à un gros hématome. Ce secret mourrait avec elle, sinon, elle serait définitivement traitée comme un monstre.

Kamui n'avait fait qu'observer les faits et pourtant, lui qui n'était pas du genre à porter son aide au premier venu c'était donner beaucoup de mal pour aider ceux qui avaient survécu. Au final, il n'avait qu'aider à rassembler les corps des proches des survivants ou des familles entières décimé. Une cimetière c'était improviser et le nombre de trou à creuser avaient été incroyable. Ceci n'avait été qu'une journée et une nuit bien trop funeste pour n'importe qui. Enterrer des cadavres de femme, d'homme et d'enfant jusqu'à la tomber de la nuit, consoler les rescapés et ce dire qu'il n'y avait rien d'autre à faire aurait détruit le moral de nombreuses personnes.

La nuit était tombé depuis longtemps lorsque le dernier corps fut enterrer. Rina était parti aider à soigner les blesser, quand à Maïa le kitsune ne s'en était pas préoccuper depuis son arriver. D'une part elle semblait ne vouloir parler à personne et la solitude l'aiderait à réfléchir. D'une autre il avait lui même besoin de se retrouver seul. Il s'éloigna un peu du village, se retrouvant dans ce qui rester d'une forêt dénaturalisé. Kamui semblait être à la recherche de trace tel un chasseur et dégageais de nouveau cette aura froide et presque meurtrière. Il passerait surement la nuit à traquer une proie que lui seule connaissait surement et à se remettre en question.

Maïa avait aussi aidé le plus qu'elle avait pu mais était resté préoccupée par la tâche brûlante dans sa main. Elle avait un mauvais pressentiment, mais elle doutait du fait que Serah puisse être dans les parages et n'avait aucune idée de la situation de cette pauvre ville et des habitants dévastés.

Néanmoins, elle était loin d'être dupe. Aussi incroyable soit la Cité des Ruines, ce qui avait ravagé ce village et sa population ne provenait certainement pas d'un accident. Quelque chose d'indicible s'était passé ici, elle le sentait et ça lui remuait les tripes. Cette chose dont tous les habitants refusaient de parler ou semblaient ne pas connaître lui donnait des sueurs froides et des frissons dans le dos. Et pourtant, elle n'y avait jamais fait face.

Kamui s'était absenté depuis plusieurs minutes et elle ne pouvait se résoudre à bouger de l'endroit où elle était plantée depuis plus d'une heure. Les corps étaient enterrés, les familles se rassuraient entre elles et Rina les aidait à se soigner. Elle ne pouvait rien faire d'autre que regarder et compatir. Mais surtout, elle ne pouvait s'empêcher de constater à quel point elle était en terre hostile. Un seul pas en dehors du petit périmètre de sécurité qu'elle s'était créé et tous ses sens étaient en éveil, ses pupilles se rétractaient, sa main la brûlait atrocement et le duvet de sa nuque se hérissait pour laisser trembler tout son corps d'une méfiance animale.

Elle s'était ainsi tapie dans un coin, et même si quelques heures plus tôt elle aurait préféré s'éloigner le plus possible de Kamui, tout ce qu'elle souhaitait maintenant c'était qu'il revienne au plus vite. Le ciel s'était teinté de noir, la nuit d'encre était tombée, l'endroit se vidait, elle allait bientôt se retrouver seule. Seule avec son imagination. Comme la fois où elle s'était retrouvée à errer dans le désert glacial, de nuit, et qu'elle avait subi toute sorte de tortures pour finir par se recroqueviller au sol comme une idiote.

Elle serra ses mains entre elles, froissant le tissu enroulé autour de sa paume droite avec ses doigts, jouant avec les plis, grattant sa peau qui la démangeait affreusement. Elle aurait voulu apercevoir une silhouette au loin, celle de Kamui, elle aurait voulu s'accrocher à lui et ne plus le lâcher parce qu'elle avait bien trop peur de se retrouver seule avec elle-même. Mais comme il ne semblait toujours pas revenir et qu'elle commençait sérieusement à se craindre, elle ferma les yeux, enfonça sa tête dans ses genoux et s'enfonça dans ses pensées si profondément qu'elle perdit toute notion du temps et s'enferma dans une bulle protectrice d'ignorance.

Des heures et des heures passèrent encore et il devait être plus proche du jour que de la nuit lorsque le kitsune se résigna à revenir vers le village. L'esprit ailleurs, la seule chose qui l'avait pousser à rentrer n'était rien d'autre que Maïa. Elle avait accepter de les suivre et ça, certainement pas parce qu'elle en avait envie. Elle avait vu tout ceci à cause de lui, alors qu'elle avait ses propres problèmes. Il serait réellement cruel de s'occuper de ses propres affaires et de la laisser seule à découvrir le point noir de la Cité. Il la retrouva recroqueviller sur elle même. Dormait elle? Ou pleurer t'elle? Elle n'avait pas l'air de l'entendre s'approcher. Il s'arrêta devant elle et l'appela à deux fois avant de s'accroupir et de poser une main sur son épaule en l'appelant une nouvelle fois.

- "Maïa? Tu ne dors pas."

Elle releva à peine la tête. Kamui pensa à ce moment là qu'il n'était pas utile de forcer quoi que se soit et préféra rester silencieux un moment. Il s'assit à côté d'elle, le dos appuyer contre un mur, sa jambe encore un peu douloureuse étendu tandis que l'autre était replier pour lui permettre de poser son coude dessus. Il ferma les yeux dans un long soupir et resta ainsi un moment, oubliant complétement que Rina leur avait prévu un coin pour dormir. Peut être que la solitude lui avait un peu manquer depuis qu'il était avec Maïa? En y réfléchissant bien non. C'était plutôt la présence d'une personne qui lui avait manquer. Là ou non, Maïa ne le dérangeait pas une seconde pour réfléchir sur lui même. Il fini par ouvrir un œil et regarder Maïa.

- "Si tu veux dormir Rina nous à préparer une couchette dans la cabane du fond."

Beaucoup des rescapés y dormaient aussi, c'est pourquoi Kamui préférer rester ici. Il roula une épaule en s'affaissant un peu pour se mettre à l'aise et repris.

- "Il va falloir réfléchir à ce que tu veux faire maintenant...tu a vu ce qu'est la Cité...que tu veuille rentrer chez toi ou rester ici je t'aiderais si tu me le demande. Et puis..."

Il hésita un peu, elle n'avait pas placer un mot depuis longtemps et lui commencer à devenir plus bavarde qu'elle. Le petit côté sombre qu'elle arborait désormais ne devait pas le rendre si indifférent qu'il aurait voulut le penser.

- "Amarok t'aura au moins appris à devenir méfiante. J'ai "appris" à gérer mes pouvoirs seuls, je peux au moins t'entrainer à ne pas avoir peur de tes propres pouvoirs. Si tu reste ici."

Maïa était restée immobile pendant que les mots de Kamui brisaient le silence de la nuit. Elle n'avait pas non plus envie de bouger, se retrouver dans un endroit rempli de blessés et de personnes mourantes. Et encore moins d'entendre les pleurs et les lamentations qui lui tordaient l'estomac.

Elle relâcha ses genoux et se laissa glisser jusqu'à Kamui. Sa tête heurta son épaule et elle resta sans bouger, le visage dissimulé par ses cheveux. Elle se crispa un moment quand elle se sentit craquer, agrippée au bras de son ami comme si elle avait peur qu'il disparaisse lui aussi.

Son corps trembla pour étouffer ses sanglots.

- Je suis désolée. Je suis désolée, Kamui.

Elle avait agi comme une idiote. Elle avait toujours agi comme une idiote. Elle avait ce don de s'attirer tous les ennuis du monde, et aussi celui d'impliquer les personnes auxquelles elle tenait le plus jusqu'au cou. Elle se sentait obligée de s'excuser, mais elle refusait d'être pardonnée.

Et voilà que maintenant, comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu'elle développe une capacité bizarre. Sa peau était brûlante et elle hésita à se reculer de Kamui, lui qui détestait la chaleur. La paume de sa main la démangeait depuis plusieurs heures et elle ne savait pas quoi faire pour stopper le picotement, autre que triturer le morceau de tissu qui lui servait de bandage de fortune.

Elle ne voulait pas qu'il la déteste. Tout le monde, mais pas lui.

Kamui passa lui passa l'envie de s'éloigner en lui passant son bras autour d'elle et en lui posant une main sur l'épaule. Chaleur ou pas ça ne pourrait pas être pire que la chaleur du désert. Lui aussi avait envie de s'excuser, non seulement pour Maïa mais aussi pour cette ville délabrer que ses yeux glacial parcourrait sans arrêt. Peut être devrait il dire toute la vérité à Maïa. Au fond elle ne savait rien de lui et si elle venait à en apprendre d'avantage elle serait peut être bien surprise, peut être voir même horrifié et se sentirait de nouveau trahis. Pour le moment, elle semblait avoir ses propres problèmes et ça n'était pas la peine de lui en rajouter.

Le silence s'installa de nouveau. Il regardait, d'un regard de coin, depuis plusieurs minutes la jeune fille tripoter nerveusement le morceau de tissus qui entourait sa main. Depuis avait elle ce bandage de fortune? Le kitsune ne bougea pas d'un centimètre lorsqu'il tourna son regard froid vers elle et la questionna.

- "Tu t'es blessée?"

Maïa arrêta un instant de toucher au bout de tissus et repris sans répondre. Même si elle faisait semblant de ne pas avoir compris ce qu'il lui avait demander Kamui n'était pas le dernier des imbéciles. Il retira son bras et attrapa sa main d'une forte poigne avant de laisser glisser le tissus. Le creux de sa main, ses yeux inquiets, les yeux de Kamui ne firent que quelques allez retour entre les deux. Il retira la ceinture propre de son kimono lui enroula à nouveau la main l'air indifférent, l'air de dire "je ne dirais rien", "n'est pas peur", c'est tout ce que son regard glacial était capable de dire à sa place.

Maïa dégagea son poignet des mains de Kamui et le ramena à elle.

- Tout à l'heure, ce gamin sous le rocher.. il avait une forte poigne.

Elle eut un rire nerveux qu'elle s'empressa d'arrêter. Il n'était pas dupe. Mais elle ne pouvait pas tout simplement lui dire « Hey Kamui, tu sais quoi ? Je suis devenue un briquet ambulant. Besoin d'un petit feu de camp ? ».

Elle resta silencieuse. Elle comprit au bout de quelques minutes pourquoi elle avait eu tant de facilité à allumer les feux jusqu'ici. Elle était devenue une véritable torche humaine, un monstre, un déchet de la nature. Une association entre un élément et un corps humain. Elle se répugnait. Comment s'était-elle retrouvée à être la seule humaine avec une constitution anormale ?

Elle s'écarta discrètement de Kamui, sentant la propre chaleur de son corps augmenter. Elle plaqua une main dans son cou, et ne put dire si elle avait tout juste quarante degrés ou si elle les avait déjà dépassés depuis longtemps. Elle se ventila de la main avant de constater qu'elle ne faisait que s'agiter davantage. Puis, elle cessa tout mouvement, se recroquevilla plus sur elle même et resta immobile dans le silence de la nuit qui n'allait pas tarder à laisser place au jour.

Kamui se retint de soupirer en la voyant mentir et s'agiter comme elle le faisait. Il n'était pas idiot et avait très bien compris l'évolution de ses pouvoirs. Cependant il ne pouvait pas la juger ou lui en vouloir, il n'était tout simplement pas le mieux placé pour ça. D'ailleurs, depuis leur arriver dans cette ville dévaster, il se demandait si il ne ferait pas mieux de s'éloigner de Maïa. La forcée à rentrer chez elle peut être, qu'elle le veuille ou non...il pourrait peut être compter sur Rina la dessus. Le jour allez ce lever et il n'avait pas fermer l'œil. Il se leva et passa à côté de Maïa, lui posant une main sur l'épaule.

- "C'est bon j'ai compris pas la peine de mentir. Mais je t'ai donner ma confiance Maïa, et je n'ai qu'une parole."

Une telle marque au milieu de la main, Maïa pourrait lui inventer n'importe qu'elle excuse il n'y croirait pas une seconde. Il savait, tout simplement. Il s'éloigna d'elle et entra dans la cabane envahi de blesser et de malheureux qui tenter de se réveiller du cauchemars qui continuer jusque dans leur rêve. Rina n'était pas endormis et en le voyant arriver elle chuchota.

- "Tu a trouver quelque chose?"

- "Rien. Je ne sais même pas si il va revenir ici."

- "J'espère pas. Tu crois que ces gens n'ont pas assez souffert?"

- "C'est le cadet de mes soucis."

- "Ouai c'est ça. Tu ne serait pas encore là si c'était le cas."

Un silence s'installa. Le kitsune quitta la pièce et Rina le suivit.

- "Tu a quelque chose à me demander?"

- "Toi? Je ne te fait pas confiance."

- "Mais?"

- "Je ne vais pas rester. Maïa ne doit pas venir avec moi."

Rina garda cet air ahuri qu'elle avait automatiquement pris lorsqu'elle avait entendu ses paroles.

- "Tu ne va pas me la confié quand même?"

- "Certainement pas et la laisser seule ici encore moins."

Rina garda le silence. Kamui voulait la renvoyer chez elle contre son gré. Elle lui en voudrait certainement mais ce monde de magie appeler la magie et faisait ressortir cette force en elle, d'où ces nombreux changement. Rester avec lui serait trop dangereux pour elle et elle ne survivrait pas longtemps ici seule. La meilleure solution pour qu'elle vive était de la renvoyé d'où elle venait. Peut être pas par le train, Kamui était quasiment sûr qu'elle réussirait à en sortir. Mais Rina devait bien connaître une personne capable d'une tel magie. Maïa lui en voudrait c'était certain...et même si il ne faisait que ça d'y penser, le kitsune ne voyait pas de meilleure solution pour la protéger du danger qui se trouver ici.

Maïa resta assise à même le sol dans le silence de la nuit, inconsciente de ce qui se préparait dans son dos, du coup de poignard qu'elle allait recevoir, du projet de trahison qui prenait doucement place dans l'esprit de Kamui.

Elle était seulement concentrée sur une paire d'yeux qui la fixait depuis un moment, plus loin. Elle n'osait pas bouger, elle était totalement terrifiée, terrifiée par les deux globes blancs qui brillaient dans l'obscurité et qui faisaient ressortir deux pupilles d'un noir déstabilisant. Ce regard, elle l'avait déjà vu. Et ça ne lui disait rien de bon.

Les yeux écarquillés se fermèrent alors brusquement. Elle fut donc incapable de voir quoi que ce soit ou qui ce soit, et la personne aurait pu être à moins d'un mètre d'elle qu'elle ne l'aurait pas remarqué. Elle entendait juste sa respiration sifflante qui s'était soudainement accélérée, et elle sentait sous ses doigts le fer glacé du couteau qu'elle avait machinalement tiré de sa poche arrière.

L'enfant qui l'avait poussée, c'était lui, elle en était certaine au point que le duvet de sa nuque se hérissait. Elle n'arrivait plus à estimer son âge à cause de la lueur brillante de cruauté qu'elle voyait dans son regard. Huit, neuf ans ? Ou dix ? Ou treize ? Elle n'en savait plus rien. Elle ne savait plus rien. Elle était tétanisée par la peur, par le souvenir de sa chute, par celui de l'impact sur le sol, celui de son sang se déversant sur le sol. Mais, par dessus tout, elle se demandait comment ce gamin avait pu la suivre jusqu'ici sans même qu'elle ne sente la moindre odeur.

Elle chercha Kamui du regard, regrettant de l'avoir laissé partir. Bien sûr, il ne fallait pas rêver. Il n'allait pas surgir tout d'un coup et l'aider à se débarrasser de l'enfant qui la traquait. Il avait d'autres choses à faire.

C'est quand elle sentit un souffle dans son cou qu'elle poussa un cri. Elle enfonça sa tête dans ses genoux, habitée par une peur maladive. Elle ne savait pas si c'était le vent ou l'enfant, la sensation du froid sur sa peau la traumatisait.

Un autre souffle soudain déclencha autour d'elle un torrent de flammes. Elle entendit un léger gémissement, baignée dans la chaleur de son bouclier brûlant et soulagée de la douleur lancinante dans sa main, maintenant que son pouvoir étrange s'échappait de son corps avec une force incroyable. Quand le feu cessa de crépiter et qu'elle se sentit plus en sécurité, elle resta recroquevillée au milieu du cercle fumant et du sol noirci par les flammes.

Elle s'en était sortie toute seule. Sans Kamui. Elle releva la tête, presque fière, quand elle tomba nez à nez avec le visage défiguré par la douleur de l'enfant. Elle cria si fort que sa voix craqua, recula vivement dans un réflexe animal et s'éloigna de la face terrifiante à moitié brûlée.

Elle ouvrit alors brusquement les yeux. Essoufflée, elle trembla et habitua son regard à l'obscurité, s'y reprenant à plusieurs fois. Elle s'était assoupie. Quelques minutes avaient été suffisantes pour qu'elle s'endorme, fasse un cauchemar et se réveille. La nuit était toujours là, elle avait désormais bien plus peur qu'au départ, et Kamui n'était plus là.

Tout avait semblé si réel. Elle se demanda un instant s'il ne s'était vraiment rien passé. Et c'est quand elle baissa les yeux et qu'elle entrevit le sol noirci par les flammes qu'elle comprit qu'elle avait fait un cauchemar, et qu'en plus de ça, ça avait déclenché son pouvoir.

Elle avait réagi excessivement pendant son sommeil. Est-ce que ça faisait d'elle quelqu'un de dangereux ?